• Sitôt les lumières éteintes,
    Les emballages colorés rangés…
    Chacun retourne en complaintes,
    Vivre sa vie en apartés…

    Restent les joies et les sourires,
    Dans les pensées et les mémoires.
    Mais le quotidien survient et chavire,
    Dans les flots de l’illusoire.

    Sitôt la fête finie,
    Les repas de famille digérés.
    Se pointe doucement l’oubli,
    Dans un monde où les parents sont restés.
    Au sein de la maison familiale,
    Qui s’est vidée trop tôt.
    Tel un feu de paille aux essences hivernales,
    Dans l’attente d’un prochain « bientôt ».

  • Cruauté du monde,
    Pourquoi faut-il que tu t’acharnes,
    D’une violence immonde,
    Sur un être que seule l’innocence incarne…

    Cruauté du monde,
    Entre les mains d’hommes sans cœur…
    Par ta haine tu inondes,
    Les espoirs d’un simple bonheur…

    Cruauté du monde,
    Je te regarde, je te maudis.
    Et la colère gronde,
    Et le malheur est prédit.

    Cruauté du monde,
    Je te crache au visage.
    Et mes larmes lentement fécondent,
    La ferveur de ma rage…

  • D’abord, il y eu les vertiges,
    Les soirs à passer aux toilettes.
    Puis la peur en vestige,
    Puis les grosseurs découvertes.

    Il y eu ensuite la visite chez le docteur,
    L’appréhension d’une certitude.
    Puis de nouveau la peur,
    Puis de nouveau l’angoisse en solitudes.

    Il y eu une radiographie,
    Des analyses complémentaires.
    Puis un avis,
    Puis une thérapie arbitraire.

    Il y eu les pleurs,
    Les annonces familiales.
    Puis le combat d’une tumeur,
    Puis la fin d’une enfance banale.

    Il y eu la calvitie comme empreinte,
    D’une chimiothérapie agressive.
    Puis les souffrances étreintes,
    Puis la fatalité expressive.

    Il y eu les sourires malgré tout,
    La réorganisation imposée.
    Puis une vie d’absolu,
    Puis les instants désespérés.

    Il y eu les jours longs, interminables,
    La chambre et les couloirs comme prison.
    Puis les errances, minables,
    Puis les paroles sans son.

    Il y eu un jour, enfin,
    La délivrance en suspens.
    Les sourires des médecins,
    La rémission en tourments.

    Mais toujours est restée,
    Une blessure au cœur.
    De mes proches, de ma parenté,
    Indélébile marque d’un passé de douleurs.

  • 4 heures du matin,
    Tête baissée et regard dans le lointain.
    J’évite de regarder les gens,
    Qui me renvoie l’image de moi charbonnant.

    4 heures du matin,
    Une journée banale qui commence.
    J’ai mal au reins,
    Je souffre mais malgré tout j’avance.

    Je vais au travail,
    Pendant que d’autres dorment encore.
    Et dans mon éventail,
    N’existe que débrouille et quotidien hardcore.

    Je vais nettoyer des locaux, des bureaux,
    En me cassant le dos.
    Pour quelques pesos,
    C’est pour survivre que je bosse.

  • J’en appelle à la colère,
    Aux charbonneurs,
    Aux dépités,
    Aux exploités.

    J’en appelle à l’insurrection,
    Aux agitateurs,
    Aux révoltés,
    Aux mis de côté.

    J’en appelle au déclic,
    Aux chômeurs,
    Aux lycéens,
    Aux frères et aux sœurs de classe.

    J’en appelle à la révolution,
    Aux travailleurs,
    Aux paysans,
    Aux rouges de cœur et de rage.

    Renversons ce système,
    Mettons à terre cette logique,
    Qui veut que le pauvre reste pauvre,
    Et que le riche soit toujours plus riche.

    Montrons aux puissants de la société,
    Qu’ils n’ont de puissant que le nom.
    Montrons-leur que le nombre l’emporte sur la somme,
    Que le pouvoir ne leur appartient pas.

    Soulevons-nous,
    Et arrêtons d’accorder notre confiance,
    Aux présidents, aux ministres, et à toute la clique.
    Car notre salut ne viendra que de nous, prolétaires.

  • Où sont les possédants ?
    Pas dans les premiers métros,
    Ni dans les bus.

    Je ne vois que des « sans dents »,
    Qui partent au boulot,
    Pour une journée de plus.

    Où sont les donneurs de morale ?
    Pas dans le froid,
    Ni dans l’inconfort.

    Je ne vois que peu de « peaux pâles »,
    Râteaux et balais droits,
    Regard presque mort.

    Où sont nos dirigeants ?
    Pas dans les cités,
    Ni devant des assiettes vides.

    Je ne vois que des « petites gens »,
    Des travailleurs et des délaissés,
    Qui d’un espoir nouveau sont avides.