• À la question « Que faites-vous dans la vie ? »,
    J’aimerais parfois répondre « Je suis docteur ».
    Mais non je ne peux pas car c’est ainsi,
    Je ne suis que poète et conteur.

    Et qu’est-ce qu’être poète,
    Si ce n’est un passe-temps pour rêveurs ?
    Car n’existe nul diplôme, nulle grande recette,
    Pour ceux qui par écrit font parler leur cœur.

    Ainsi à la question fatidique,
    Je n’ose répondre sincèrement.
    Car mon destin, si tragique,
    M’a voulu poète, quotidiennement.

    Saurais-je un jour répondre, la tête haute,
    Que mon métier est la prose…
    Et que je sais faire fondre, en quelques notes,
    Les cœurs les plus moroses…

    À la question « Que faites-vous dans la vie ? »,
    Un jour je n’aurais plus peur de dire…
    « Je suis poète et ma vie c’est écrire,
    Ce que d’autres ont dans l’esprit »…

  • Tel un alcoolique malgré lui,
    Je suis sur la tangente.
    Je lutte contre l’envie,
    Malgré tout sur la pente.

    Et l’esprit tourmenté,
    Par les vices interdits.
    Je me sens abandonné,
    Dans cette triste vie…

    Tel un homme dépendant,
    De ses drogues malfaisantes.
    Je repousse cet instant,
    Où l’envie sera trop pressante.

    Et je rêve d’un monde,
    Où jamais je n’aurais pu toucher.
    A ces choses immondes,
    Qui m’ont lentement condamné…

    Tel le dépressif que je suis,
    Je voudrais vivre heureux.
    Mais la vie ne me sourit,
    Qu’à travers mes désirs, pieux.

    Et j’erre de malheurs en malheurs,
    M’efforçant de sourire.
    Pour l’apparence, effacer les noirceurs,
    Que malgré tout mon cœur désire…

  • On se croyait en sécurité,
    Loin du fracas et du sang.
    Mais l’horreur a frappé,
    Sont sortis les draps blancs.

    On se croyait libres et heureux,
    Étrangers à leurs manigances.
    Mais les règles du jeu,
    Ont fusillé les innocences.

    Les corps se sont alignés,
    Sous le regard des caméras.
    Et au monde se sont révélés,
    La barbarie, l’effroi.

    Puis les pensées se sont envolées,
    Délaissant le bon sens.
    Et s’est trouvée condamnée,
    La véritable croyance.

    Se sont élevées cependant,
    Des paroles justes et honorables.
    A la paix appelant,
    Condamnant les coupables.

    Les images restées en mémoire,
    Le monde semble devenu fou.
    Et cette vérité notoire :
    L’odeur du sang, est venu jusqu’à nous.

  • Les enfants que je vois courir, s’amuser,
    Me ramènent vers un passé qui me semble si lointain.
    Du temps où tout n’était que projet,
    Et où l’insouciance était mon unique refrain.

    Les enfants que je vois rigoler, jouer,
    Me rappellent combien on perd de son enfance.
    Tel un poids sous lequel on ploierait,
    Par l’apport de la connaissance.

    Les gamins que je vois parfois pleurer,
    Pour une cause qui leur semble insurmontable…
    Leurs larmes me plongent dans le regret,
    Et me raccrochent à un manque palpable…

    Je me surprends il est vrai si souvent,
    A me retourner vers ce temps béni.
    Où dans mon cœur d’enfant,
    L’hiver sans cesse était chéri.

  • D’un regard différent,
    Je vis dans ce monde.
    Où tout m’est aberrant,
    Où tout me sonde.

    Par des gestes et des comportements,
    Je mords dans des fruits mystérieux.
    Et peu de monde comprend mes sentiments,
    Et peu de gens connaissent mes cieux.

    Alors je reste là,
    Avec mes pensées et ma philosophie.
    Essayant d’ignorer ces gars,
    Qui disent que je souffre de maladie.

    Ces docteurs-là qui voudraient voir s’abattre la conformité sur mon être,
    Ces médecins qui se disent spécialistes.
    L’avenir leur révélera un jour peut-être,
    L’erreur autiste.

  • Qu’as-tu donc lu dans mes yeux,
    Lorsque tu as croisé mon regard ?
    Y as-tu vu un homme malheureux,
    Ou un passé brisé par le hasard ?

    As-tu accédé à mon âme,
    As-tu parcouru mes sillons ?
    Y as-tu rencontré une femme,
    Une mère qui pleure ses illusions ?

    Qu’as-tu donc compris, homme libre,
    De ma situation, de ma perdition ?
    As-tu saisi qu’ouverts, sont des livres,
    Sur des pages en dépression ?

    Es-tu parti en emportant avec toi,
    Quelque chose de positif,
    Que je t’aurais donné sans m’en rendre compte ?
    Ou m’as-tu oublié dans la seconde comme on noie,
    Le chagrin maladif,
    D’une mémoire qui escompte ?