• Et au loin se faisait résonner,
    Le bruit des bottes et des matraques.
    Et le peuple assassiné,
    Dans les rues, les baraques.

    Puis la liberté menacée,
    Par de trop nombreux moutons.
    Qui, par centaines, par milliers,
    Ont déferlé au Front.

    Et la couleur de la haine est apparue,
    Aux yeux d’innocents.
    Qui bien trop longtemps ont cru,
    En une paix nous unissant.

    Puis le sang à nouveau a coulé,
    Sur la nation qui se voulait République.
    Et le génocide bien orchestré,
    N’avait rien d’héroïque.

  • Je suis comme un vieil arbre,
    Autour duquel plus personne ne s’amuse.
    Je suis comme pris dans le marbre,
    A la recherche d’une muse.

    Sur mon écorce,
    Des signatures par milliers.
    Lesquelles je m’efforce,
    Vainement d’oublier.

    A mes branches,
    Ne pousse plus guère de verdure.
    Alors mes pensées s’élancent,
    Mais l’hiver perdure.

    Mes racines sont pourtant puissantes,
    Elles s’abreuvent à diverses sources.
    Mais ma plénitude est latente,
    Mon cœur est en mousse.

    Mon regard se porte cependant,
    Vers l’horizon, sans peur.
    Que revienne grandiose le printemps,
    Et que pousse cette petite fleur.

    Qui ferait resurgir en moi,
    La gaieté qui était mienne.
    Lorsque s’écoulaient les mois,
    Une branche dans la tienne.

  • Je ne suis pas un gars de la rue,
    Je n’ai pas grandi dans une cité.
    Je n’ai jamais vraiment connu la garde à vue,
    Je n’ai jamais vécu la vie de quartier.

    Mais j’ai connu les galères,
    La misère et l’errance.
    Les ruptures amères,
    Et les matins en souffrances.

    J’ai connu les plaisirs austères,
    Les anniversaires pour seuls cadeaux les sourires des parents.
    J’ai connu les blouses blanches et le cancer,
    Et le tunnel que l’on traverse en revenant.

    J’ai connu les assiettes vides,
    Les nuits passées dehors.
    Les foyers et les poches vides,
    Les envies de me voir mort.

    J’ai connu le froid et la faim,
    Les doutes et les pleurs.
    Et les éternels refrains,
    D’insensibles employeurs.

    J’ai connu le racisme et les violences,
    Les magouilles qui tournent mal.
    Les caisses en fin d’existence,
    Et les squats, les rues sales.

    J’ai vu une ville à la dérive,
    Une cité à la vie impossible.
    Et une campagne naïve,
    Et un pays inaccessible.

    Mon parcours ne saurait se résumer sur un bout de papier noirci,
    Ni même sur cent.
    J’ai vécu mille et une choses dans ma vie,
    Et pourtant…

    Il se trouve des gens qui croient me connaître,
    Et qui me jugent à tort.
    Et qui ignorent mon mal-être,
    Et qui condamnent mon sort…

  • Que tous ces murs tombent,
    Que je puisse admirer le soleil,
    Sur le visage de l’inconnu.

    Que je puisse apprécier,
    La saveur d’écouter, de lire, de découvrir,
    La richesse d’autrui.

    Que toutes ces barrières se fissurent,
    Que des rayons de lumières,
    Réchauffent les cœurs meurtris par la haine.

    Que les parfums venus d’Orient,
    Viennent jusqu’à moi,
    Qu’ils m’enivrent de joies et de fraternités.

    Que toutes ces frontières disparaissent,
    Que je puisse répondre aux sourires,
    De femmes venues d’Asie, des Amériques.

    Que je puisse serrer les mains,
    Aux teintes et aux callosités différentes,
    Mais à l’amitié sincère.

    Que ces interdits soient abolis,
    Que les vents porteurs d’espérances,
    Soufflent jusqu’à nos portes.

    Que les cultures d’Afrique et du monde,
    Balayent les guerres et les conflits,
    Que la paix soit nôtre.

  • Je les entends parler des malheurs du monde,
    Et prendre de fausses mesures.
    Eux les créateurs d’immonde,
    Eux les coupables d’usures.

    Je les écoute juger les peuples,
    Sans humilité aucune.
    Eux qui sont coupables d’exactions multiples,
    Du sang sur le bitume.

    Je les regarde à la télé,
    Nous livrer leurs mensonges.
    Bien habillés et la montre au poignet,
    Par eux la haine nous ronge.

    Je les vois tous ces politiciens,
    Et leurs paroles me donnent la gerbe.
    Eux pour qui nous ne sommes rien,
    Eux que l’union exacerbe.

  • Sans toi, je suis malade,
    Sans toi, je ne suis plus rien.
    Sans toi, plus de balade,
    Sans toi, il n’y a plus rien.

    Avec toi, je suis le plus heureux,
    Avec toi, tout est magnifique.
    Avec toi, je suis de mieux en mieux,
    Avec toi, tout est féerique.

    La distance est mon ennemie,
    Celle que je crains le plus.
    La distance est un faux ami,
    Cape du diable, rien de plus.

    Mon bonheur est tien,
    Mon malheur est mien.
    Mon Eden est ta joie,
    Mon Paradis c’est toi !